"Tu aurais pu vivre encore un peu..." Elsa Blondeau

Ecrire a toujours été pour moi une évidence.
 
Il est souvent évoqué qu’écrire est un refuge, pour nous amener à faire des compromis, vivre autrement au travers d’histoires.. Mais en cet instant je  ne voulais plus faire  de compromis.

Alors ce refuge dans l’Ecriture fut celui du temps du deuil, d'aller le toucher du bout de mon stylo, pour graver à jamais mes souvenirs qui commençaient à se déliter, et pour ne pas oublier...Et surtout LE laisser partir, et être en paix.

Cet écrit est avant tout une histoire, mon histoire, leur histoire, un besoin de laisser une trace pour le jour où ma mémoire me ferait défaut, c'est aussi l'histoire de mes enfants, qu'ils liront peut-être un jour et ainsi qu'ils comprennent enfin pourquoi il y a eu tant de silences non expliqués, tant de larmes réprimées, tant de rires de façade et pourquoi j'ai dû être loin d'eux par la pensée, par la présence.
 
Et puis c'est l'histoire de tant de gens qui ont perdu un être cher... Mais cela peut être aussi juste une histoire auto-romancée, une fiction, sur son héroïne, Raphaël, leurs enfants:  la famille B et la famille A tout simplement.

Les chapitres représentent la narration de ces longs mois entre le diagnostic, l'attente, les traitements, la solitude, et ce compte à rebours qui nous emmène vers l’inéluctable, en essayant de retenir le temps en vain, alors ces trois ans au travers desquels les personnages se débattent pour ne pas se noyer autour d'un pilier de leur vie...

C'est aussi la violence des coups portés par certains médecins , la douceur des infirmières qui aide à tenir, des familles soudées mais amputées d'un de leur membre et qui se demandent comment elles pourront vivre après...
 
Mais c'est aussi l'histoire de la vie, avec la naissance d'un enfant dans ce compte à rebours douloureux, l'histoire d'un héritage, comme une pièce de théâtre, avec des dialogues, et des costumes différents pour chaque acte, chaque occasion comme pour gagner du temps, et l'Epilogue qui est le temps d'une certaine acceptation, parce que les corps et les esprits sont épuisés...Une fin annoncée.. Avec une scène finale où tous les personnages sont là autour de LUI chacun avec sa peine, chacun avec ses souvenirs et un peu de sa force.

Derrière chaque mot, chaque feuillet, il y a en filigrane, le visage de mon Père que j'espère ne pas avoir trahi, et qui, je l’espère du plus profond de moi a été fier de Nous...